Les difficultés du recrutement académique

Le 12 juin 2009, par Jeff,

On trouve de nombreux commentaires, sur ce site et ailleurs, sur les difficultés qu’éprouvent les candidats à des jobs dans le monde académique (en particulier en France). Or, il se trouve que je viens de tomber sur deux études de l’Association of ommonwealth Universities ; l’une intituéle "Shifting horizons : issues facing Commonwelath universities" ; la seconde sur "Trends in academic recruitment and retention".

Et on y découvre que le pire problème n’est peut-être pas celui qu’on croit [1].

La majorité des universités interrogées dans a première étude estiment que les ressources humaines sont un de leurs plus gros problèmes (ou futurs problèmes) ; en moyenne le troisième pire problème après "funding", et au même niveau que "internationalization and global competition". En fait, en détail "competition" et "human resources" sont très liés :

« The training, recruitment and retention of appropriately skilled research and technical staff are major challenges (...). At institutional level, for a university with a growing but shallow research profile, the difficulties associated with staff retention are stark : excellence and success result often in poaching, positioning some universities as places where researchers cultivate their skills and achieve some success but other institutions then benefit from their mature research capacity. »

La seconde étude [2] détaille ces questions :

« ... the demand for tertiary education is very high. This development has had major implications for the role and function of the university and its staff. The demand for academic staff increased significantly with the expansion of student numbers (...) For many institutions this has resulted in a greater level of competition for academic staff (...) »

Par conséquent, une moitié des universités interrogées estime qu’il est difficile de recruter les "staffs" dont elles ont besoin, et une moitié pense que ces difficultés vont empirer dans les 5 prochaines années. En revanche, conserver les personnes recrutées semble plus facile (2/3 des universités n’ont pas de problèmes à ce niveau).

Bien sûr, les difficultés varient selon les disciplines, avec les pires problèmes pour « Business Studies, Engineering Sciences, Medical and Clinical Sciences, Mathematics and Physical Sciences, Information and Communications Technology and Chemical and Biological Studies. ».

La compétition (pour les personnes qualifiées) vient d’autres universités dans le même pays (59%, mais plus élevé au Royaume-Uni [3]) ou à l’étranger (21 %), et du secteur privé (18%).

Parmi les facteurs d’attractivté pour les universitaires (potentiels), on trouve le salaire les opportunités de progression de carrière, la réputation de l’université, et les conditions de travail (administration, crédits de recherche...).

Pour lutter contre ces problèms, 57% des universités interrogées utilisent des incitations financières ( « ... market supplements, ‘golden hellos’, salary supplementation schemes, signing bonuses, relocation and housing allowances, and family allowances. » ), et la moitié des incitations non-financières (« e.g. incentives in the areas of work conditions, research duties and support, and academic status/job security (...) These incentives include flexible working conditions, professional development and paid sabbatical leave. »).

Donc, si on résume : il y a maintenant une compétition à l’échelle mondiale entre les universités, pour attirer les meilleurs "staff" [4]. Celles qui veulent s’en sortir sont obligés de faire des efforts (financiers ou autres) pour convaincre les gens de venir chez eux.

Et ls Universités Françaises, dans tout ça ? Hé bien, outre le fait qu’elles refusent l’idée même qu’il puisse y avoir une compétition pour les bons étudiants ("beurk, c’est pas bien la compétition !"), on a pu voir par exemple sur ce site quelles mesures elles prennent pour attirer des bons enseignants-chercheurs.

En fait, il semble clair que les universités Françaises n’ont pas du tout compris ce problème : maintenant, à l’échelle mondiale, ce ne sont plus les "staffs" potentiels qui viennent sollicitier un emploi auprès des universités. Ce sont les universités qui font des propositions, et les universitaires les considèrent, les acceptent ou les refusent [5]. D’ici quelques années, les seules personnes qui accepteront de travailler dans une université Française seront les gens qui ont des parents agonisants dont ils veulent se rapprocher, ou alors les minables incapables de trouver un travail ailleurs [6] [7].

Notes :

[1] Bon d’accord, je suis délibérement provocant, un petit peu...

[2] Effectuée en 2005, donc il est certain que la crise économique a du ralentir certaines de ces évolutions, mais l’essentiel des points discutés dans cette étude sont des tendances de long terme

[3] J’aurais tendance à croire que c’est encore plus en France

[4] et aussi les meilleurs étudiants, mais ce n’est pas le sujet que je veux dévelloper

[5] Bien sûr, votre expérience — comme la mienne— peut être diférente, mais c’est essentiellement dû au fait que vous et moi avons d’autres contraintes, géographiqus en particulier, dans notre recherche d’emploi !

[6] Oui, je caricature et j’exagère. J’ai le droit, c’est mon site, ici...

[7] En fait, ce qui va sauver les universités Françaises, c’est que les Français sont incapables de parler Anglais et seront obligés de rester en France pour travailler !

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Commentaires de l'article

 
jlv
Le 22 juin 2009
edifiantes critiques... je transmets ici, je sens que ca va plaire bises jl
 
Rémi
Le 19 septembre 2009
Tiens, une petite question en lien avec tes avis : à Stellenbosch et à St Étienne, parmi le staff, combien de natifs et combien d’étrangers, et étrangers d’où (pays proche, UE, Commonwealth...) ?
 
Jeff
Le 19 septembre 2009

A Stellenbosch, sur 11 géologues, 3 Australiens, 1 Allemand, 1 Français (enfin, bientôt plus), 1 Tchéco-hollandais et 1 Indien. Il est vrai que pour compenser les 6 géographes sont tous SudAfs, et je crois que au moins 4 ont fait leur postgrad à Stellenbosch (si ce n’est undergrad).

A Saint-Etienne... Je te laisse deviner. I’ll give you 3 guesses.

 

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