Le 8 septembre 2006, par Jeff,
Photos prises en Septembre 2001, à l’occasion d’une excursion de terrain guidée par les géologues du "Geological Survey of Western Australia" (M. Van Kranendonk, A. Hickman, I. Williams), avec la participation de W. Nijman pour une des journées. Il y a aussi des photos de paysages de la région.
Le Pilbara Oriental est un des plus anciens terrains du monde (après la région d’Isua, au Groënland). Il s’est formé entre 3515 et 3240 Ma (c’est contemporain de la région Sud-Africaine de Barberton, où je travaille).
On y observe différents types de roches :
Ce sont principalement des roches de nature TTG (il en est question ailleurs dans ce site...), refondues par la suite. Dans cette localité (Shaw batholith), on voit des gneiss vieux de env. 3450 Ma, qui ont refondu vers 3410 Ma. On trouve aussi quelques enclaves plus anciennes d’amphibolites, sans doute vieilles de 3580 Ma.
Dans ces roches partiellement fondues (des migmatites), on observe de jolies structures dues au mouvement du liquide.
On voit aussi quelques filons de pegmatites, comme partout !
On trouve dans le Pilbara une grande variété de laves. D’abord, des choses assez ordinaires : basaltes et rhyolites. Notez quand même les structures volcaniques, étonamment fraîches : les "pillows" dans les Euro Basalts (env. 3350 Ma), et les prismations dans les rhyolites (Kangaroo Cave formation, 3240 Ma).
Ensuite, on voit des choses moins communes : des komatiites, c’est à dire des laves ultramagnésiennes, connues surtout dans l’Archéen. Celles-ci (lieu-dit Kitty’s Gap) appartiennent à la Panorama Formation (env. 3450 Ma), et sont très altérées : les minéraux magmatiques sont remplacés par des carbonates, blancs. On peut quand même reconnaître la structure typique, dite "spinifex" (du nom d’une graminée du Pilbara) de ces laves.
Comme dans tout l’Archéen, on observe de spectaculaires BIF (Banded Iron Formation), ou quartzite ferrifères. Les alternances rouges et grises correspondent à des niveaux alternativement oxydés et réduits (voir l’histoire de l’atmosphère).
Quand en plus ces roches sont plissées et forment des affleurements bien polis, c’est superbe !
Dans les parties anciennes des séries, les sédiments sont principalement des cherts, c’est à dire des sédiments chimiques siliceux. Ils se sont sans doute formés par précipitation de silice, au voisinage d’un évent hydrothermal.
Près de la ville de Marble Bar, on observe deux types de cherts :
Parfois, on trouve des cherts riches en matière organique ("black cherts"). Certains de ceux-ci contiennent des structures qui ont été interprétées comme des anciennes cyanobactéries.
Les cherts sont systématiquement interstratifiés dans des basaltes (pillows), témoignant d’une activité volcanique (sous-marine) importante, ce qui est bien compatible avec l’importance de l’activité hydrothermale présentée au-dessus.
Enfin, certains des niveaux de cherts incluent des niveaux détritiques, et des stromatolites ("tapis" de cyanobactéries). Deux de ces affleurements présentent des figures particulièrement importantes, et complémentaires : la "Trendall locality" (Strelley pool cherts, ca. 3420 Ma) et une localité non nommée dans le North pole dome (Dresser formation, ca. 3490 Ma). Les deux sont des localités protégées ; la seconde montre les plus vieux stromatolites connus. On peut faire des observations analogues dans les deux, comme je n’ai tout photographié dans les deux endroits, je les présente ensemble.
On peut alors se faire une idée du milieu dans lequel vivaient ces formes de vis très anciennes : des zones volcaniques sous-marines (type plateau océanique peut être ?), avc une activité volcanique et hydrothermale intense, de faible profondeur.
Le Pilbara présente aussi des structures géologiques très typiques de l’Archéen : il s’agit de dômes formés de gneiss (ici, les granitoïdes présentés plus hauts), entourés de synclinaux de laves et de sédiments ("ceintures de roches vertes").
Les "ceintures" forment des synclinaux complexes, enregistrant une histoire complexe, avec des discordances intrnes, etc.
Elles sont fortement déformées, avec en particulier dans leur centre ("points triples") des fabriques témoignant d’un fort étirement vertical.
L’ensemble est interprété comme résultant du dévelopement d’une instablité gravitaire : les gneiss relativement légers remontent (en raison de leur "flottabilité") au travers des roches vertes, plus denses.
On trouve aussi des zones de cisaillement ductiles, plus classiques ; ici, la "Mulgandinnah Shear Zone", qui se développe à 2940 Ma, sur les flancs du Shaw batholith. Ce ne sont pas des structures particulières à l’Archéen ni au Pilbara ... mais c’est un joli musée de toutes les structures associées à une déformation ductile senestre : foliation et linéation (pas visible sur les photos), filons boudinés ou plissés selon leur orientation d’origine, clastes en sigma et en delta (notez comment ils enregistrent tous un sens senestre !).