Le 5 novembre 2007, par Jeff,
"Bring and braai", c’est une assez étonnante coutume, ou forme de sociabilité, sud-Africaine. Ca se pratique à tout les niveaux, des soirées étudiantes aux week-ends entre amis.
Il faut commencer par le sport national sud-Africain... Non, pas celui-ci, ni celui-là. Je parle de ce qui est connu sous le nom de "barbecue" sous d’autres longitudes [1] et qu’on appelle ici du nom Afrikaans de "braai".
C’est encore, dit-on, un héritage de la rude-vie-des-pionniers-dans-leur-chariot-à-boeufs, qui se fisaient leur cuisine sur le feu le soir dans la prairie. Toujours est-il que ici, c’est le symbole même du repas de fête, du repas entre amis, de la détente du week-end. Que font les géologues sur le terrain, le soir ? Que font les étudiants lors des soirées de fin d’exams ? Qu’organise-t-on comme repas de fin d’année du département ? Comment reçoit-on des amis un soir d’été ? Comment, enfin, fête-on- Noël en famille ? La réponse est la même dans tout les cas : on fait un braai.
Dans les supermarchés, vous trouverez des rayons entiers de grilles, de pinces à viande [2], de charbon ou même de petits sacs de bois [3] [4] . Dans les stations services, vous trouverez le strict nécessaire pour survivre : du bois, des grilles. Idem dans les épiceries du coin de la rue.
Et que fait-on griller, me direz-vous ? Eh bien... tout. Viande, poissons, légumes... Avec quand même une préférence marquée pour la viande, un bon steack par exemple [5]. Et bien sûr, quasiment obligatoire, la grosse saucisse épicée au coriandre et à la muscade, la boerewors.
Ah, bien. Mais pourquoi "bring" and braai ?
Eh bien, souvent quand on veut inviter beaucoup de monde, et qu’on ne tient pas spécialement à emerveiller les foules par ses prouesses culinaires ; ou qu’on ne sait pas combien de personnes viendront effectivement ; c’est le genre d’invitations qu’on lance. On demande donc à ses invités de venir chacun avec sa propre viande et, en général, sa boisson. Chacun arrive donc avec une bouteille [6] dans une main ; et sa glacière, ou son sac de supermarché, dans l’autre. L’hôte fournit le feu, la vaisselle (réduite à sa plus simple expression, de toutes façons !), éventuellement les salades et le dessert (dans la version civilisée, dans la version de base on se passe de ce genre de nouriture pour lapins !).
Ensuite, selon les cas (regardez autour de vous en arrivant...), on met tout en commun, ou chacun se nourrit de ce qu’il a apporté. Des fois, le "braai-master" fait griller toutes les viandes, qui se retrouvent dans un grand plat où chacun pioche ; des fois, chacun pose on morceau de steack sur la grille et le surveille, avant de le manger. Parfois, le frigo est mis à disposition et se remplit au fur et à mesure que les gens arrivent, puis se vide au cours de la soirée, chacun piochant indifférement dans les réserves [7] ; parfois chacun pose soigneusement sa bouteille dans un coin et la surveille jalousement.
Le "bring and braai" existe à tout les niveaux de raffinement. Depuis les soirées étudiantes improvisées, jusqu’aux repas d’anniversaire entre amis de la "middle class", voire "uper middle class".
Et croyez moi, la première fois c’est assez surprenant, quand vous n’êtes pas habitués. Il peut même vous arriver de vous retrouver à sec pour la soirée, faute d’avoir réalisé que vous êtes sensé apporter votre liquide !
[1] latitudes aussi, mais je fais en particulier références à nos voisins sud-hémisphérains, amis et meilleurs rivaux, les Aussies...
[2] jamais avec une fourchette, malheureux ! Ca perce la viande et fait fuire le jus !
[3] Les avis sont partagés
[4] Ici, le braai à gaz est regardé de haut et considéré comme vaguement indécent, tout juste bon pour des descendants de bagnards...
[5] Les végétariens pourront toujours se rabattre sur du poulet... Si si, je l’ai entendu dire !
[6] ou un six-pack, plus fréquemment
[7] J’ai même vu la baignoire de la salle de bain, préalablement remplie de glace, tenir lieu de réserve pour toute l’assemblée !!