Le 25 août 2009, par Jeff,
Un de mes plus gros soucis pour passer vers Linux, c’est de ne pas retrouver les logiciels que j’utilise le plus souvent ; soit parce que les alternatives libres/linux n’ont pas les mêmes fonctionnalités, soit parce que je n’y suis pas habitué et que j’ai la flemme de réapprendre.
Dans la plupart des cas, les « gros » logiciels linux ont aussi une version Windows (et mac d’ailleurs), ce qui m’a permis de tester certains de ceux qui sont présentés comme des alternatives crédibles aux logiciels phares. Voilà la liste de mes comparaisons, pour les programmes qui me sont nécessaires.
Evidemment, c’est mon plus gros usage (bureautique en tout genre). Bon, la dernière fois que j’ai essayé Oo il s’appelait encore StarOffice, donc je ne saurais commenter. J’aurais bien testé une version récente de OpenOffice, mais la taille du fichier à télécharger et la place disque nécessaire pour installer m’ont arrêté ! Pas mal de gens ne jurent que par Oo et semblent trouver que c’est m^me mieux que MS Office, je suis prêt à le croire …
Gestion de références bibliographiques. J’utilise EndNote X, qui est maintenant bien plus mûr et stable que les anciennes versions de la chose (les premières étaient si mauvaises que j’avais abandonné, convaincu que je ne gagnerais pas de temps à me battre avec ça. Ce n’est que bien plus tard que j’ai découvert ce que peut faire EndNote quand il marche pour de bon…). En fait, ici le problème n’est pas tant de trouver un remplaçant à EndNote, mais au couple EndNote + word.
Il existe un logiciel open source appelé Bibus, que je suis en train d’essayer d’utiliser. Au bout de quelques jours, le bilan est plutôt positif. Ca marche … pas mal. Bibus a quelques jolies fonctionnalités que Endote n’a pas (par exemple les « persistent queries », ou la possibilité d’avoir une vue des « cited references » du document en cours). Mais il lui manque un peu de cet aspect lisse et confortable de EN : autocomplétion des noms d’auteurs, connexion directe à Web of Science … Sans compter, bien sûr, les milliers de styles disponibles dans EndNote, à comparer à la douzaine livrée avec Bibus (dont au moins un ne se conforme pas aux règles du journal qu’il prétend fournir). Bref, vivement la version suivante, en fait. Heureusement l’auteur semble actif et réactif, il y a de l’espoir à assez court terme !
Sinon, EndNote semble marcher parfaitement avec Wine, c’est donc peut être aussi une solution au moins temporaire.
J’utilise Illustrator (pour le dessin vectoriel) depuis plus de 10 ans ; j’en apprends encore tout les jours, mais à force, je commence à avoir mes petites habitudes. Selon les périodes, je passe jusqu’à la moitié de mon temps de travail dans Illustrator (période de rédaction d’article ou préparation de congrès par exemple), ce n’est donc pas anodin pour moi. Et en général, c’est pas pour faire des petits crobards, mais des figures assez complexes : diagrammes avec des centaines de points, déclinés en plusieurs versions (avec ou sans certaines catégories, avec ou sans habillage, N&B ou couleur…) ; cartes ; blocs diagrammes en « 3D » ; etc.
Le remplaçant libre « officiel », c’est Inkscape. J’ai un peu essayé (une version 0.46 je crois, donc pas tout à fait la dernière) sans être vraiment convaincu ; on est plus proche de la philosophie de Corel Draw (que je n’ai jamais aimé) que de celle d’Illustrator en terme d’interface ; ça va bien pour des diagrammes simples mais je trouve que ça marche moins bien avec de gros dessins très complexes. Il y a aussi certaines fonctions qui (me) manquent (par exemple cette superbe astuce consistant à donner plusieurs contours à un même objet, texte en particulier). Mais d’autre part, il me semble que Inkscape a pas mal de filtres, que les remplissage par des motifs sont plus simples, etc. Bref, je ne suis pas convaincu : ça peut marcher en dépannage, mais ça ne remplacera probablement pas tout à fait Illustrator pour moi.
Apparement d’après WineHQ, Illustrator ne marche pas trop bien avec Wine (la version 10 semble fonctionner, dommage c’est pas celle que j’ai…). La 9 (que j’ai en ce moment) semble marchouiller. Les diverses CS pas du tout. Hmmm, c’est pas encourageant. Reste une VirtualBox.
Bon, je ne suis pas un très gros utilisateur de SIG (surtout pour faire une carte géol ou deux, pas tellement de traitement sérieux), mais enfin, ça m’arrive. Objectivement, ArcGIS est une bien grosse usine à gaz pour ce que j’en fait, et le prix de la licence (sauf quand on a un rabais, comme ici) … ouch. Bref, je ne serais pas contre une alternative libre – linux, ou pas linux.
Quantum GIS est assez bien fait. Mais là aussi, pour ce que j’en fait il manque quelques petites fonctionnalités, par exemple les options en matière de légende (symbologie) sont limitées, il n’est pas possible de faire des opérations de type « query » ou « jointure » sur des shapefiles, etc. Dans les deux cas c’est apparement un « work in progress », donc ça va s’améliorer. Le géoréferenceur n’est pas aussi joli que celui de Arc (avec la mise à jour en direct de l’image…), mais ce n’est pas trop grave, c’est cosmétique. Je n’ai pas tellement vu non plus de fonctions de gestion de grilles ou de 3D (ça doit être dans la partie GRASS).
Donc, pour le moment, entre une grosse usine à gaz bien trop gourmande pour ce que j’en fais, ou un logiciel plus léger mais un peu court, les deux options sont également non satisfaisantes…
ArcGIS ne passe pas sous Wine, pas du tout, niet, nada, nope. Aucune lueur d’espoir de ce coté.
GCDkit, c’est mon logiciel de travail principal, il me sert à faire toute sortes de diagrammes géochimiques. En principe, c’est une sur-couche de R (un logiciel de stat, libre) ; malheureusement, pour des sombres questions de programmation, l’interface graphique ne marche que sous … windows. C’est un comble, parce que évidemment R fonctionne parfaitement sous Linux, lui…
Là pour le coup, pas de remplaçant connu.
Mais deux lueurs d’espoir au bout du tunnel : d’une part, l’auteur de GCDkit est en train de largement nettoyer son code pour séparer les fonctions « clefs » de l’interface, donc la prochaine version pourrait bien être multi-plate forme sans soucis ; d’autre part, R étant à la base un logiciel libre, multi-OS, je pense que Wine ou VirtualBox ne devraient pas avoir de problèmes pour le faire tourner. Quand même, c’est ballot de devoir faire tourner via Wine la version Windows d’un logiciel qui a une version Linux native…
.. et de façon générale, tout les petits logiciels « maisons » pour diverses applications géologiques. Dans la plupart des cas, il n’y a qu’une seule version – celle de l’ordinateur de l’auteur. Mais dans la plupart des cas aussi, ce sont des petits programmes qui ne font rien de très compliqués avc les cartes graphiques ou réseau, donc Wine devrait leur régler leur compte.
(tiens d’ailleurs en vérifiant ça, je m’aperçois que en fait maintenant il y a une version linux de Thermocalc…. Malheureusement c’est la 3.25, pas la dernière versin (3.33).)
Ben, oui, de temps en temps ma machine me sert à jouer, aussi. Pas très souvent, en général c’est par phase, quand je tombe sur un jeu qui me plaît, j’y joue pas mal pendant un mois, et puis ensuite plus rien jusqu’au suivant, trois ou six mois plus tard… Mais justement, ne pas pouvoir installer et essayer de nouveaux jeux, ça me casserait les pieds, quand même.
Et là, pas grand-chose à faire (sinon un dual boot), ou alors prier les dieux de Wine que le programmateur du jeu n’ai pas essayé de faire des choses trop cochonnes ou trop dépendantes, typiquement, de graphismes 3D…
D’un autre coté, pour compléter la liste, il y a des masses d’applications issues du monde du libre que j’utilise déjà sous Windows (et donc, passer aux mêmes en version Pingouin ne sera pas un problème) ; pas mal d’applications que j’utilise occasionnellement, assez rarement pour ne pas avoir mes petites habitudes ; ou de « petites » applications, dont il existe des dizaines de déclinaisons plus ou moins interchangeables.
Dans le premier cas, il y a typiquement les outils internet : Opera, Firefox, Thunderbird… Le deuxième groupe, c’est par exemple tout ce qui touche à la vidéo (j’édite des films une fois tout les 36 du mois, à chaque fois je dois réapprendre tout les trucs du logiciel que j’utilise). Le troisième groupe, ça va être les éditeurs de texte, les « viewers » (par exemple ACDsee pour les images, que j’utilise depuis des années, mais il doit y avoir des douzaines d’équivalents).
Je crois que tu n’échapperas pas à un émulateur, c’est certain.
Je suis dubitatif pour Wine, pour ma part j’ai toujours eu du mal à lui faire lancer des "vraies" applications. D’un autre côté, pour des programmes simple, genre ton Thermocalc, ça devrait marcher.
Pour les jeux, il y a une surcouche payante à Wine, qui doit s’appeler Cedega (à moins que ce ne soit la compagnie qui s’appelle comme ça ?). Jym l’a testée, je crois, avec un avis mitigé : outre que payer un abonnement (eh oui... parce qu’ils font des mises à jour très fréquentes) pour l’utiliser une fois tous les 6 mois n’est pas très attractif, il semblerait qu’ils aient un bon support des jeux récents et à la mode, mais qu’ils laissent vite tomber les autres. Comme je doute que tu t’intéresses à CounterQuakeDoom 3D 2012 Max+, c’est mauvais pour toi...
Au bureau, on a VmWare, qui est une virtual box complète (payante, encore que, je ne sais plus maintenant...). C’est *très* efficace, le Windows dedans marche nickel, pour toutes les applications que j’ai pu tester (même Europa Universalis marchait bien il y a déjà plus de 4 ans). L’inconvénient, c’est d’une part qu’il faut que tu t’installes un Windows en plus (et que tu te procures les licences des trucs Microsoft ou Adobe, et arriver à les transférer depuis une machine existante — ou même la même machine mais en "natif" — n’est pas toujours si facile que ça) et surtout d’autre part que tu as un Windows complet, totalement séparé du Linux à part que c’est sur le même écran : pas vraiment d’intégration entre les deux (le copier-coller marche, mais un peu aléatoirement) et évidemment tu risques de finir par passer ton temps sous Windows-qui-tourne-sous-Linux, ce qui n’est pas vraiment ton but.
Mais en solution de secours, ou pour les applications pour lesquelles un Windows s’impose, ça marche parfaitement.
J’ai essayé VirtualBox comme émulateur. Je suis partagé entre une admiration sans borne (mâtinée d’amusement, parce que Windows qui boote dans sa fenêtre, blissfully ignorant du fait qu’il est dans un bac à sable et pas sur un vrai ordinateur, je trouve ça génial !), parce que un certain nombre de trucs marchent remarquablement bien. Et l’agacement, parce que un coup sur deux, selon l’humeur du serveur X (*), c’est le boxon dans l’affichage ; ou alors les programmes oublient de tourner ; ou ...
(*) Comme on le remarquait avec Jym l’autre soir, "linux, ça ne plante jamais". Certes, mais le serveur X, par contre...